Entre deux monde
J’aperçois Carla au loin sous la lumière des lampadaires. Ma vision se trouble, comme si elle se déformait. Je vois Asouna marcher vers moi. La lumière de la lune adoucit son visage et ses courbes. Je ne cherche plus à comprendre d’où viennent ces visions, je les savoure comme un lever de soleil. Le visage d’Asouna s’approchait de moi. J’embrassai les joues de Carla, un bonjour murmuré au coin de l’oreille. Mon cœur est partagé entre deux mondes, entre ces deux présences. La foi que j’ai en ce dessein est controversée et inconstante. Dois-je m’abstenir de ce monde inconnu, connu sous le joug de ma folie ?
J’aime le son que fait la voix d’Asouna sur les lèvres de Carla. Nous avancions côte à côte vers une destination inconnue, juste une parenthèse à ma chute glaciale. J'arpentais ce chemin fait de gloire et d’aventures, seul, à côté de Carla ou était-ce Asouna ? Les lampadaires dominaient l’éclat de la lune. J’effaçai les prémices d’un sourire. Je m’efforçais de rester calme devant cette exaltation des sens qui me submergeait. Une simple balade au clair de lune semblait être pour moi l’apothéose d’une vie. Un semblant de magie surplombait ce sentiment languissant de bonheur. La joie et l’allégresse ne se trouvent pas dans la pénombre de notre passage, mais dans l’infinie découverte de nos pas.
J’étais l’élu solitaire d’un monde en friche, guidé malgré moi par le sourire de cette femme peinte de mirage. Tu connais les prémices de mon passé, Carla, mais connais-tu les espoirs de mon futur ? Timidement, je ne sais pas comment atteindre la fin de cette balade avec toi sans avoir le courage et la résilience de poser un mot au creux de ton oreille : le simple mot "amour". Comme intangible au creux d’une montagne, où un torrent déferlerait sur toi.
Le sens, pour moi, je te l’expliquerai un jour : il est superflu et abstrait, comme le mirage d’un désert auquel on prête des nuits calmes. Le parfum d’Asouna se déposait au creux de mon cœur quand je passais ma main dans les cheveux de Carla. Mon âme est divisée par le désir de vivre ces deux vies. Comment sortir la tête de cette sensation languissante de bonheur ? Ce bonheur dysphorique. Ce bonheur au parfum de désespoir. Ce bonheur éphémère.
J’aspire à une vie simple, mais le destin m’emprisonne dans cette farce qu’il nomme ambition. Le tumulte de ma déraison a emporté l’honneur de mes sentiments.